HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC (1864-1901) Lettre autographe signée “TLautrec” à Monsieur Antoine.

Lot 835
1 8002 300
Bordeaux, s.d. (Juillet 1900). 1 pp. in-8. En français. Félicitations au metteur en scène André Antoine, pour sa nomination comme chevalier de la Légion d’Honneur. “Tu es décoré. C’est un honneur pour la maison et ça fait toujours plaisir…”. Henri de Toulouse-Lautrec, de son vrai nom Henri Marie Raymond de Toulouse-Lautrec-Monfa, né à Albi (Tarn) en 1864 est à la fois peintre, dessinateur, lithographe, affichiste et illustrateur. Il compose aussi bien des tableaux pour les galeries d’art, que des illustrations pour des magazines vendus en kiosque, conçoit programmes et décors pour le théâtre, la Comédie-Française, le vaudeville ou les scènes d’avantgarde, des affiches, (devenues célèbres) notamment pour la réouverture du Divan japonais ou du Moulin rouge. En 1884, Toulouse-Lautrec s’installe à Montmartre où il découvre les divertissements populaires parisiens. Il fréquente assidûment les bals, cabarets, cafés-concerts et théâtres. Fortement inspiré par le monde du spectacle, il réalise des affiches, des gravures de scène, des croquis d’acteurs et actrices. Plusieurs directeurs de théâtre lui confit la création de programmes illustrés. Il collabore notamment avec le fondateur du Théâtre-Libre, André Antoine, qui faisait dessiner ses programmes et affiches par des artistes tels que Ibels, Forain, Vuillard, Signac ou Willette. Portraitiste de génie, l’artiste aime également représenter les acteurs du monde du spectacle avec une certaine ironie, n’hésitant ni à accuser leurs traits, quitte à se rapprocher de la caricature, ni à restituer la tristesse cachée derrière les paillettes et les costumes de cirque. A travers son art, le peintre représente diverses classes sociales, et s’intéresse particulièrement aux prostituées dont il aime la spontanéité. Familier des maisons closes, y habitant au besoin, il s’attache à leur simple réalité quotidienne. Bien que ses œuvres représentant des scènes de bordel, soient jugées licencieuses et provocatrices celles ci mettent en évidence la virtuosité de son trait, expressif et élégant. Toulouse-Lautrec mène sa vie au rythme de sa création. Son travail acharné, mais aussi les plaisirs et l’abus d’alcool altèrerons peu à peu sa santé. Il s’éteint en 1901, après avoir peint jusqu’à l’extrême limite de ses forces. André ANTOINE(1858-1943) Metteur en scène, scénographe, acteur, directeur de théâtre. D’abord modeste employé de la Compagnie du gaz, André Antoine cède rapidement à sa passion du théâtre, considéré comme le créateur de la fonction de metteur en scène au sens moderne du terme, fonde le Théâtre-Libre en 1887, une société d’abonnés produisant ses propres spectacles donnés en ‘privé’, donc échappant à la censure, pour une seule représentation (précédée d’une répétition générale). Le but du Théâtre Libre : révéler les pièces refusées par les divers théâtres pour leur hardiesse ou leur originalité… ou celles des jeunes auteurs. Le Théâtre-Libre devient vite le refuge des auteurs rejetés par les grandes scènes parisiennes, et par conséquent se transforme en laboratoire du théâtre expérimental. Il monte, durant les neuf années d’exercice de ce théâtre, 124 œuvres nouvelles, introduit et fait connaître en France de grands auteurs étrangers, tels qu’Ibsen ou Strindberg. L’expérience du Théâtre-Libre s’achève, Antoine prend la direction du théâtre des Menus-Plaisirs, rebaptisé Théâtre-Antoine, de 1897 à mai 1906. Il y prolonge sa démarche, il rompt avec la mise en scène classique et opère une véritable reconstruction artistique du réel. Il poursuit au Théâtre de l’Odéon (1906- 1914) où il monte 364 pièces. En 1914 il quitte le théâtre de l’Odéon et se tourne vers le cinéma, avec les mêmes règles qu’il a appliquées au théâtre. Il est le premier à tourner en extérieur, et tente dans un style original de mêler documentaire et fiction, ethnographie et poésie. Il réalise, entre 1915 et 1922, plusieurs films sous l’égide de la S.C.A.G.L. (Société cinématographique des auteurs et gens de lettres de Pierre Decourcelle). Il conclut sa carrière comme critique dramatique et cinématographique à partir de 1919 et pendant vingt ans, hebdomadairement dans L’Information, plus sporadiquement dans Le Journal, Comœdia et Le Monde illustré, et publie ses souvenirs : le Théâtre 1932-1933.