JEAN-PAUL SARTRE (1905-1980)
Лот 729
800
1 200
Ecrivain existentialiste.
Manuscrit aut. S.l.n.d.
1 pp. in-4 sur papier quadrillé, encre bleue, une rature avec correction.
Réflexions politiques sur les conditions d’une prise
de pouvoir par le prolétariat. On voit la contradiction
propre à la foule révolutionnaire : ses exigences ne
seront satisfaites que si elle prend le pouvoir (…).
Sartre considère que le prolétariat ne représente d’un
tiers de la population active. Ainsi les masses
proprement dites n’ont guère de chances
de prendre à elles seules le pouvoir : pour
qu’elles y parviennent, il faut des alliances,
une tactique, une stratégie, bref une politique
de longue haleine. Ce que le prolétariat-sujet
exige dans l’instant, il lui faudra des années
peut-être pour l’obtenir : mais nous avons vu
que sa structure le détourne des entreprises
concertées. Reste que les circonstances peuvent
lui être tout à coup favorables : mais sa
victoire produirait un tel bouleversement dans
le rapport des forces internationales qu’elle
risque de provoquer une intervention directe
ou indirecte de l’étranger. Il faut apprécier
les chances de cette révolution. En 36 le
mouvement des grèves allait de lui-même à la
radicalisation du Front populaire, avec tous
les dangers de guerre civile et d’anarchie au
moins momentanée que comporte un brusque
changement de régime. Or la nouvelle majorité
s’était constituée contre le fascisme intérieur
et extérieur : était-il possible de risquer le
coup avec l’armée nazie à nos portes ? Les
radicaux n’auraient-ils pas rompu l’alliance
aux premiers signes de révolution ? Les chefs
syndicalistes et communistes ont conclu que
les risques étaient trop grands. Je ne décide
pas s’ils ont eu raison ou tort : il me suffit
de constater qu’ils pouvaient avoir raison (…).