Autograph letter to the Duchess of Duras. (Val de Loup), Saturday 26 (June 1813). 4 pp. bi-slip in-4. Magnificent letter...
Lot 706
1 2001 500
Autograph letter to the Duchess of Duras. (Val de Loup), Saturday 26 (June 1813). 4 pp. bi-slip in-4. Magnificent letter from Chateaubriand evoking the Valley-aux-Loups and sharing with the Duchess, his friend, the progress of his work for his History of France. François-René de CHATEAUBRIAND. 1768-1848. Ecrivain, homme politique. Lettre aut. à la duchesse de Duras. (Val de Loup), samedi 26 (juin 1813). 4 pp. bi-feuillet in-4. Magnifique lettre de Chateaubriand évoquant la Vallée-aux-Loups et faisant part auprès de la duchesse son amie, de l’avancement de ses travaux pour son Histoire de France. Vous aurez, chère sœur, une lettre de moi où je vous parlais de mes travaux. Je tiens beaucoup à pouvoir lire cet hyver aux personnes intéressées un vol(ume) de mes vieilleries ; je me sentirai plus léger ; mais j’avoue que cette obligation me pèse et que je suis trop indépendant pour porter ce fardeau. Si nous avons la paix, les chemins s’ouvriront (…). Il est heureux à l’idée de revoir bientôt son amie en août et donne de ses nouvelles, à la Vallée aux Loups ; Nous sommes seuls dans notre retraite. M. Joubert devoit revenir ; ses maladies l’en empêchent. Après avoir fait moi-même des projets de courses je suis resté dans mon trou. Au fait, je ne sais trop ce qui me plaît, et ce que je veux. J’ai cependant un grand plaisir, c’est de m’enfoncer dans la vieille France, d’oublier la nouvelle, excepté vous et quelques personnes rares. Tant que je bouquine, cela va bien mais quand je cesse de lire et de griffonner, malheur à moi. Je ne sais rien de ce bas monde ; sans journal, sans correspondance, j’oublie et je suis oublié. Pourtant voici quelque chose : le haut de la tour [de Velléda] est devenue chapelle ; on l’a bénie ce matin, et on y a dit la messe sous l’invocation de la Vierge de Nazareth, et de St François. Le géant [Valery] et deux pieuses cousines de Mde de Ch[ateaubriand] ont assisté à la cérémonie. Cela a un petit air de château et d’établissement assez agréable, si avec moi on pouvoit compter sur quelque chose. Que voulez-vous ; je suis mal fait ; si j’ai une bosse, comment puis-je m’en débarrasser ? Ne suffit-il pas après tout, que je vous aime autant que je puis aimer ? Je crois que c’est beaucoup (…). Chateaubriand doit interrompre sa lettre : Je vous quitte pour le curé et les bonnes dames ; nous allons manger de mauvais poissons ; c’est la seule chose qui me déplaise dans cette affaire. Puis, il revient à son Histoire de France : Le discours commence à Hugues Capet et finira à François I. J’en suis à Jean. Lisez la brochure de Raynouard sur les Templiers. C’est excellent, à un peu de déclamation près. Il y a longtemps que la critique historique n’avoit vû quelque chose d’aussi sain, et d’aussi bon. Philippe le Bel n’est pas du tout mon homme. J’ai trouvé un Jean de Duras, qui se fesoit tuer en Guyenne, tandis qu’un sire de Laval et un sire de Chateaubriand se fesoient tuer en Bretagne pour Philippe de Valois. J’espère en rencontrer d’autres ; et s’ils continuent de se bien conduire j’aurai soin d’eux. Le vieux Connétable m’embarrassera : j’en veux dire du mal, coûte que coûte. À propos il y a un chevalier de Kersaint qui fesoit le Diable sous Charles VIII. M.M. de Noailles sont bien ternes, et bien effacés ; il faudra pourtant que je m’évertue. Comment arranger l’affaire de Lannoi et de cette épée de François ? Lannoi passoit pour un poltron. Il est vrai que c’étoit le Connétable de Bourbon qui le disoit. Publié à la Correspondance générale, II-624.