Frédéric MISTRAL (1830-1914) Poème Autographe Signé “F. Mistral”.

Lotto 874
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Maiano (Prouvènço) 1907. [Maillane (Provence) 1907]. En provençal. Traduction de quelques mots en dernière page. Publié dans “Lis Óulivado” (Les Olivades), recueil de poésies provençales, 1912. “Lou dormihous” / sus l’Èr de la Bourrèio d’Auvergno. “Le Dormeur” / sur l’air de la Bourrée d’Auvergne. Lou Dourmihous - Èr de la Bourrèio d’Auvergno. - Jóusè di Grameniero, - Aquéu bedigas, - Au founs de sa feniero - Dor coume un soucas : - E tant que la niue duro, - Fai rèn que sounja - Que li figo maduro - Es un bon manja. Jóusè, quand se reviho, - Fasènt li badai, - Toujour en quauco fiho - Conto soun pantai ; - Mai nòsti reboundino, - En se trufant d’éu, - Respondon : “Quau dor dino… - Dourmihous, adiéu !” Acò-d’aqui fai vèire - Que, pèr se louga, - Es pas tout de s’encrèire, - Fau se boulega : - Quau vòu tasta li figo - Dèu manda li det, - Car touto bello amigo - Vòu un fin cadet. Jóusè di Grameniero, - Mascaro-linçòu, - Autant qu’un chin de niero - Dison qu’a de sòu : - Mai quau vers li chatouno - Fai lou parpaioun, - Ié vau mai li poutouno - Que li picaioun. Souto uno caranchouno - Qu’es facho à prepaus - Se saup que la pichouno - Jamai rèsto à paus : - Lou chat que la pessugo - Lèu es lou mignot, - Car fau qu’uno belugo - Pèr bouta lou fiò. – José des Gramenières, – ce dadais, – au fond de son fenil – dort comme une souche ; – et, tant que la nuit dure, – il va songeant – que les figues mûres – sont bonnes à manger. José, lorsqu’il s’éveille, – vient toujours en bâillant – à quelque jeune fille conter sa songerie ; – mais nos mutines, – se moquant de lui, – répondent : « Qui dort dîne… Dormeur, adieu ! » Et cela montre – que, pour se louer, – présomption n’est pas tout ; – il faut se remuer : – qui veut tâter les figues – doit envoyer les doigts, – car toute belle amie – désire un fin luron. José des Gramenières, – fripeur de draps de lit, – autant qu’un chien de puces – a des sous, dit-on ; – mais pour qui vers les filles – fait le papillon – mieux servent les baisers – que les écus. Sous une caresse – qui est faite à propos – la fillette, on le sait, – n’est jamais insensible : – le garçon qui la pince – est bientôt le mignon, – car pour mettre le feu – suffit une étincelle. Frédéric Mistral (Frederi Mistral), écrivain poète provençal de langue occitane et lexicographe, dont la devise était «Lou Soulèu me fai canta», (Le Soleil me fait chanter), réhabilite la langue d’Oc en la portant au plus haut niveau de la poésie épique. Mistral et 6 poètes provençaux fondent en 1854 le Félibrige, association littéraire, dont les objectifs étaient de restaurer la langue provençale en lui donnant une orthographe et une grammaire, perdues par les longs siècles d’abandon. Auteur du dictionnaire le plus riche de la langue occitane, un des plus fiables pour la précision des sens, reçu membre de l’Académie de Marseille en 1887, il reçoit en 1904 le Prix Nobel de Littérature pour son œuvre, en langue occitane composée en 1859, Mirèio (Mireille), prix partagé avec le célèbre écrivain espagnol Echegaray. Il investit le montant du Prix dans son Museon Arlaten (Musée arlésien) institution qu’il fonda en 1896 et qui continue d’exister de nos jours au cœur de la cité d’Arles, véritable musée ethnologique provençal, assurant la conservation de toutes ces traditions pour les générations futures. Sa demeure de Maillane (qu’il fit bâtir en 1876, l’année de son mariage), espace de travail et lieu de rencontres littéraires, léguée en 1907 à la commune, devint quant à elle musée en 1944. On peut y découvrir tous les souvenirs du poète, la maison est conservée, telle qu’il l’a aménagée, avec la totalité des meubles d’origine. Les rideaux, bibelots, objets utilitaires qui s’y rattachent sont également présents conservant ainsi l’atmosphère que Mistral a su créer dans sa maison.