GUY DE MAUPASSANT (1850-1893) “COCO”, MANUSCRIT AUTOGRAPHE SIGNÉ

Lot 622
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S.l., [1883], 5 pages in-folio découpées et recollées à l’encre, avec ratures et corrections. Rare manuscrit qui a servi à l’impression dans le journal quotidien littéraire et politique français “Le Gaulois” du 21 janvier 1884. Cette nouvelle conte l’histoire de Coco, un vieux cheval dont Isidore Duval, un garçon de quinze ans, est chargé de s’occuper, bien malgré lui. Les gens de la ferme en profitent donc pour taquiner et faire enrager Isidore qui détourne alors sa colère contre le cheval et fait mourir de faim le pauvre animal. Comme ”Pierrot“ (1882), comme “L’Âne“ (1883), ce conte fait partie des œuvres à travers lesquelles Maupassant évoque les animaux livrés aux cruautés de l’homme. ”Coco“ publié pour la première fois dans “Le Gaulois”, sera repris par la suite, dans bien d’autres journaux (en 1885 dans “Le Voleur” et “La Vie populaire”, en 1886 dans “Le Bon Journal”, en 1888 dans “Les Annales politiques et littéraires”, en 1893 dans “La Lanterne. Supplément littéraire”) et inséré dans l’édition de son recueil “Contes du jour et de la nuit” paru en 1885. ”COCO“. Extrait du texte publié. “Dans tout le pays environnant on appelait la ferme des Lucas “la Métairie”. On n’aurait su dire pourquoi. Les paysans, sans doute, attachaient à ce mot “métairie” une idée de richesse et de grandeur, car cette ferme était assurément la plus vaste, la plus opulente et la plus ordonnée de la contrée. La cour, immense, entourée de cinq rangs d’arbres magnifiques pour abriter contre le vent violent de la plaine les pommiers trapus et délicats, enfermait de longs bâtiments couverts en tuiles pour conserver les fourrages et les grains, de belles étables bâties en silex, des écuries pour trente chevaux, et une maison d’habitation en brique rouge, qui ressemblait à un petit château. Les fumiers étaient bien tenus ; les chiens de garde habitaient en des niches, un peuple de volailles circulait dans l’herbe haute. Chaque midi, quinze personnes, maîtres, valets et servantes, prenaient place autour de la longue table de cuisine où fumait la soupe dans un vase de faïence à fleurs bleues. Les bêtes, chevaux, vaches, porcs et moutons, étaient grasses, soignées et propres ; et maître Lucas, un grand homme qui prenait du ventre, faisait sa ronde trois fois par jour, veillant sur tout et pensant à tout. On conservait, par charité, dans le fond de l’écurie, un très vieux cheval blanc que la maîtresse voulait nourrir jusqu’à sa mort naturelle, parce qu’elle l’avait élevé, gardé toujours, et qu’il lui rappelait des souvenirs. Un goujat de quinze ans, nommé Isidore Duval, et appelé plus simplement Zidore, prenait soin de cet invalide, lui donnait, pendant l’hiver, sa mesure d’avoine et son fourrage, et devait aller, quatre fois par jour, en été, le déplacer dans la côte où on l’attachait, afin qu’il eût en abondance de l’herbe fraîche….” Henry-René-Albert-Guy de Maupassant est un écrivain et journaliste littéraire français du XIXème siècle, auteur de contes, romans et nouvelles. Il appartient au mouvement réaliste et naturaliste avec une dimension fantastique dans plusieurs récits. Littérature : Guy de Maupassant, “Contes du jour et de la nuit”, Editeurs C.Marpon et E.Flammarion, Illustrations de P.Cousturier, 1885. “Coco”, p. 187-196.