MARCEL PAGNOL (1895-1974) Notes en grande partie autographes signées.

Lot 586
600800
1 p. 1/2 in-4 oblong de sa main et 1/2 p. in-folio dactylographiée. Pagnol, le cinéma parlant et Shakespeare. Marcel Pagnol publia des traductions de deux œuvres de Shakespeare, Hamlet (1947) et Le Songe d'une nuit d'été (1963). “Sur l'écran, grâce au changement de décor instantané, je ne ferai entrer personne, je ne ferai sortir personne, à moins que l'entrée ou la sortie n'aient en elles-mêmes une importance dramatique : j'attaquerai la scène au cœur et je l'arrêterai dès que, dramatiquement, elle sera finie. Cette merveilleuse liberté, l'auteur dramatique ne l'a, au théâtre, dans une pièce en quatre actes, que huit fois par soirée. Il peut donc quatre fois choisir l'attaque d'une scène : à chaque lever de rideau. Il peut quatre fois arrêter une scène où il veut : à chaque baisser de rideau. [De la main de Marcel Pagnol :] C'est pourquoi Shakespeare découpait ses ouvrages en dix ou quinze tableaux : ce n'était pas pour charmer les yeux du spectateur par une suite de décors rutilants ou monumentaux, comme le fait si bien notre Châtelet : faute d'une machinerie grandiose, le grand Will se contentait d'un poteau indicateur, dans le genre de ceux des Ponts-et-Chaussées : "La scène représente une forêt". "Une autre salle du château". C'est-à-dire que comme le film muet mettait la parole en sous-titres, l'auteur d'Hamlet réduisait le décor à des sous-titres. Il était donc aisé d'en changer instantanément, ce qui lui permettait d'attaquer dix ou vingt fois en pleine action et dix ou vingt fois, par un simple coup de rideau, – il laisse le spectateur au sommet de l'action dramatique. C'est ce qui explique, son génie mis à part, l'admirable vivacité de sa technique : c'est celle du film parlant, qui n'a pas encore trouvé son Shakespeare...”