MARCEL SEMBAT (1862-1922) 2 lettres autographes signées à Léon Blum. Chamonix, 1918.

Lot 829
300400
Député socialiste de 1893 à 1922, Marcel Sembat tint en 1916 le portefeuille des Travaux publics dans les ministères Viviani puis Briand, et appela alors Léon Blum à ses côtés comme chef de cabinet. Accusé d’intelligence avec l’ennemi, le député et ancien président du Conseil Joseph Caillaux venait d’être arrêté le 14 janvier à la suite d’une perquisition dans un coffre lui appartenant à Florence. Ayant défendu depuis longtemps une politique de rapprochement avec l’Allemagne pour tenter d’éviter la guerre, il avait dû faire face à une violente campagne de dénigrement pour défaitisme, et avait été éclaboussé par le scandale provoqué par sa femme qui avait tué le directeur du Figaro. Il serait condamné en 1920, mais pour simple “correspondance avec l’ennemi”, et reprendrait sa carrière politique après la victoire du cartel des gauches en 1924. 16 janvier 1918 : “... Ce matin j’apprends l’arrestation de Caillaux : s’ils n’ont rien de plus (et entre nous je parierais qu’ils n’ont rien), c’est pure infamie. Mais comment Havet [le philologue Louis Havet, membre de la Ligue des droits de l’homme] et les autres ont-ils signé cette protestation ? On la publie dans le même numéro du Temps qui annonce l’arrestation de Caillaux ! On ne leur demandait que de se taire !... Mettez toujours Député sur l’enveloppe : cela arrive sans censure et aussi plus vite” (3 pp. in-8). 22 janvier 1918 : “... Je m’étais promis de ne pas interrompre mes articles de L’Humanité et de La Lanterne et de travailler régulièrement. Résultat ? Pour la première fois la nature ne m’a pas pris tout entier... Je suis resté le monsieur qui vient de Paris passer quelques semaines au pied du Mont-Blanc... J’ai fait une petite plaquette (inimprimable) sur le droit pendant cette guerre à propos de discours de Lloyd George, dont je vous parlerai. Votre lettre m’a mis très au courant de la vie intérieure du parti dans l’affaire Caillaux. Notre impression d’auparavant reste la bonne : on peut contre lui tout se permettre à coup sûr, car on trouvera toujours des à-côtés justificatifs. Mais cette fois-ci on s’est trop permis : le coffre-fort de Florence et l’exploitation honteuse qu’on en a faite est une infamie...” (4 pp. in-8).