ALEXIS CLÉREL DE TOCQUEVILLE (1805-1859) Lettre autographe signée, en français, à Ernest Poret de Blosseville.
Lot 749
8001 000
Tocqueville, 8 juillet 1856.
2 pp. in-8, liseré de deuil, petites taches marginales.
Émouvante lettre sur la mort de son père. Père du célèbre historien et homme politique, Hervé Clérel de Tocqueville avait épousé de la petite-fille de Malesherbes. Officier d’Ancien Régime émigré sous la Révolution, il fut préfet de 1814 à 1827, date à laquelle il fut nommé pair de France. Lui même auteur de plusieurs ouvrages historiques et politiques, il mourut le 9 juin 1856.
“Quand je n’ai pas répondu sur le champ à votre bonne lettre, mon cher Blosseville, (vous avez compris et mesuré la cause de mon silence), je vous assure que je n’en ai pas moins été très vivement touché à sa lecture. Vous parlez de mon père en homme qui l’a connu et apprécié. Le témoignage de votre sympathie ne m’est que plus sensible. Malgré son âge avancé, nous espérions encore conserver mon père pour quelques années. Il était exempt d’infirmité et est resté d’esprit jusqu’à la fin tel que vous l’avez toujours connu. Cette rare vieillesse nous faisait illusion et nous avons été aussi accablés de sa fin presque subite que si, par le nombre des années, il n’eût pas été si près du terme. Ce bon et cher père, quoique préparé autant qu’on peut l’être à la mort, n’en a pas senti les horreurs. Il s’est éteint doucement dans nos bras sans savoir les périls où il était. J’ai la ferme confiance que Dieu lui sera aussi miséricordieux dans l’autre vie qu’il l’a été dans celle-ci. J’ai quitté Paris dès que je l’ai pu. J’avais un besoin absolu de solitude et de repos. Le séjour que j’ai fait ici m’a déjà calmé et remis. Je compte user de ce remède bien longtems et ne revenir à Paris que dans la fin de l’hiver. J’espère, à cette époque, vous y voir et vous offrir de vive voix, avec mes sentiments pour votre affectueuse lettre, l’assurance des sentiments d’amitié que je vous ai voués, vous le savez, depuis vingt ans...”