François-René de CHATEAUBRIAND. 1768-1848. Writer, politician. Autograph letter to the Duchess of Duras.
Lot 794
1 2001 500
(Val de Loup), Friday the 19th (June 1813).
3 pp. bi-slip in-4.
Very nice letter from Chateaubriand who has locked himself in his property in the Vallée-aux-Loup, to write his Histoire de France François-René de CHATEAUBRIAND. 1768-1848. Ecrivain, homme politique. Lettre aut. à la duchesse de Duras.
(Val de Loup), vendredi 19 (juin 1813).
3 pp. bi-feuillet in-4.
Très belle lettre de Chateaubriand qui s’est enfermé dans sa propriété de la Vallée-aux-Loup, pour rédiger son Histoire de France ; il évoque auprès de son amie, son projet d’écriture.
Vous ne répondez point, chère sœur, à la lettre que je vous ai écrite, et qui a du vous arriver presque aussitôt que vous à Ussé.
Je vous disois que je que je restois à la Vallée ; que je n’allois plus à Lyon, faute d’argent ; que par conséquent je renonçois aux eaux et à tous les projets de voyage.
Je suis donc confiné dans mon désert. Je travaille à l’histoire. Je suis très content ; et Moyse n’a fait que du bien aux vieilles tragédies des Rois très-chrétiens. Je traiterai magnifiquement nos amis.
J’ai déjà amené devant moi quelques Duras, La Trémouille, Montmorency, &c. Mais il faudra maintenant me saluer de loin ; et malheur à qui me regardera de travers. Ce pauvre Philippe le Bel ! Comme je l’ai arrangé pour ses états généraux ! J’ai fait justice aussi de la réformation à cause de M. Sismondi (…). Faisant allusion aux désastres de la campagne de Russie de Napoléon, Chateaubriand ajoute, sarcastique : C’est singulier comme cette histoire de France est toute à faire, et comme on ne s’en est jamais douté. C’est bien dommage, chère sœur, qu’il faille abandonner cette belle entreprise pour aller mourir en Russie. Il faudra perdre toute la partie : du moins j’aurais peut-être pu nous la faire gagner, après notre mort. Mais Dieu ne le veut pas ! Sa volonté soit faite (…). Il n’a plus de nouvelles de notre petite société. Je n’entends plus parler de personne si ce n’est de quelques créanciers qui me donnent de temps [à autre] signe de vie ; c’est toujours cela. On passe très bien une heure ou deux avec cela comme avec la torture.
Tâchez chère sœur de sortir un peu de votre silence pour me dire que vous êtes heureuse et que vous m’aimez encore un peu. Publiée à la Correspondance générale, II 623.